Les clés d’une création réussie
« Gîtes et chambres d’hôtes : les clés d’une création réussie. » Isabelle Barèges
Vuibert, collection Guid’Utile 2ème édition novembre 2009
Paroles de loueur
L’aventure de « l’auto-écoconstruction »
Entretien avec Olivier Supernant, propriétaire de deux
chambres d’hôtes écologiques en Savoie www.lavignesurlefoin.fr
Etiez-vous sensibilisé à l’écotourisme avant de vous
lancer dans la création de chambres d’hôtes
écologiques ?
« Je dirais que c’est avant tout un
projet de vie. Mon épouse, institutrice, et moi-même,
ingénieur agricole, avions depuis longtemps le souhait
de créer une activité en milieu rural. Le choix de ce
petit village situé sur le territoire du Massif des
Bauges, entre lacs et montagne, correspondait à un
environnement que nous aimions, le hasard a un petit
peu fait le reste. En effet, de par son volume,
l’ancienne grange que nous avons achetée nous
permettait de concrétiser nos envies et de créer une
activité d’accueil. Dès le départ, notre démarche a
été plus citoyenne que militante mais nous avons pu
bénéficier d’un tissu local très engagé sur le terrain
de l’écologie. L’Association Savoyarde des Energies
Renouvelables, créée dans les années 80 et préfigurant
les actuels Espaces Info Energie, m’a permis de
bénéficier de formations en matière
d’éco-construction. Je me suis également très bien
entouré, notamment d’un ami maître d’œuvre spécialisé
dans l’habitat écologique ».
Vous avez réalisé la rénovation dans son intégralité,
comment parvient-on à concilier éco-construction et
auto-construction ?
« En travaillant beaucoup ! J’y ai
consacré plus d’un an, au départ je n’étais pas
spécialement bricoleur mais je me suis aperçu que,
bien entouré, c’était largement accessible à condition
bien sûr d’être motivé et de se rendre disponible.
C’est ce qui m’a permis au final de réaliser un projet
satisfaisant d’un point de vue environnemental pour un
investissement inférieur à la réalisation d’un habitat
conventionnel. J’ai beaucoup appris et aime donc
résumer ainsi l’aventure de « l’auto-écoconstruction
» : un peu de technique, beaucoup d’économique et
passionnément culturelle ! »
Les aménagements réalisés sont-ils à la hauteur de vos
objectifs en matière d’économie d’énergie ?
« Oui et globalement, nous pouvons
estimer que l’économie réalisée correspond à la
consommation générée par notre activité d’accueil.
Nous avons par exemple opté pour une ossature bois,
une isolation en ouate de cellulose et une chaudière
aux granulés bois qui nous permet de consommer deux
fois moins d’énergie et dont la chaleur est distribuée
par un plancher chauffant hydraulique. Un ballon de
500 litres stocke l’eau chaude sanitaire fournie par 8
m2 de panneaux solaires thermiques. En matière d’eau
nous parvenons à une consommation de 120 m3 par an
pour l’ensemble du bâtiment, ses occupants permanents
(4) ou temporaires, alors qu’une consommation
classique se situe autour de 40 m3 par personne. Mais
notre projet va au-delà de l’habitat puisque nous
compostons une partie de nos déchets afin d’enrichir
notre potager biologique et que nous pratiquons
également le tri sélectif. Il est essentiel que notre
démarche soit cohérente dans son ensemble, ce qui nous
tient à cœur c’est que nos hôtes mesurent
l’accessibilité de telles pratiques. »
A quelle hauteur avez-vous été subventionné ?
« Pour les équipements, nous avons
bénéficié en tant que particulier d’aides
départementales, régionales et de crédits d’impôts
représentant 50% de la valeur des équipements. En tant
que loueur, nous pouvons prétendre à des aides spécifiques
au titre du respect du cahier des charges Ecogîte.
Au total, même si ce n’est pas une finalité, notre projet aura été aidé grâce aux diverses subventions destinées aux travaux à hauteu rde 10 à 15% »
Comment réagit votre clientèle en découvrant parfois
pour la première fois un habitat écologique?
« Nos chambres ne laissent jamais
indifférent et attirent des clients curieux de la
démarche. Cette curiosité semble plus grande encore de
la part des trentenaires et quadragénaires, ce qui
correspond en réalité à notre génération. Sans faire
de généralité, certains seniors manifestent moins
d’intérêt. Globalement, nous réalisons un taux de
remplissage supérieur à la moyenne nationale mais nous
avons du mal à évaluer l’impact de la nature
écologique de nos hébergements sur leur fréquentation.
Ce bilan positif nous conduit à nous doter d’une
troisième chambre afin de faire face au pic de
fréquentation estival, nous ne projetons cependant pas
de donner une dimension professionnelle à ce projet.
Nous l’envisageons d’avantage comme une activité
annexe, une activité qui correspond tout simplement à
ce que nous sommes et à notre époque. »